La reconnaissance du sac à dos

3 mai 2023 Non Par Tophe

Je suis parfois son dossier, lors d’une pause, ou son oreiller lorsqu’il se repose. Je prends soin de
protéger ses affaires, enfilant ma capuche à la moindre goutte.


Nous vivons un corps à corps tous les deux. J’aime quand il ressert mes brettelles contre lui, alors
je m’empresse de lui ceinturer les reins.


J’aime quand il me glisse sa poche d’eau dans le dos : cela m’apporte un peu de fraîcheur !
Il fait l’effort de maintenir ma forme, en répartissant correctement ses affaires dans mes 40 litres. Il
range tout dans des sacs plastiques zippés, bien pliés… avec juste ce qu’il faut. Il se contente d’un
change : un caleçon, un tee-shirt, une paire de chaussette, un vêtement chaud et un vêtement de
pluie. Pas d’excès !


Il garnit l’intérieur en étant vigilant à ce que je n’ai pas de surcharge pondérale. Il vérifie le poids de
chaque objet et prend toujours le plus léger, comme par exemple un carré de serviette en fibre, un
savon multi-usage, etc : 7 à 8 kilos me suffisent amplement ! Avec lui pas de superflu, pas de
panneau solaire qui ne charge pas, pas de tablette et autres produits high-tech.


Il est très consciencieux car pour lui chaque objet doit avoir une double utilité. Il utilise ses bâtons de
marche pour m’éviter de porter des mâts de tente. Il prend ses sachets de vêtements pour faire son
oreiller la nuit. Lorsqu’il fait froid, il chauffe de l’eau pour la mettre dans sa gourde et la glisse au
fond du sac de couchage. Il utilise même son chapeau comme vide-poche la nuit !


Il ne fait pas comme certains qui emmènent leur maison de peur de manquer. L’autre jour, j’ai croisé
un sac à dos de 60 litres qui me faisait part de sa lassitude à porter des effets qui ne seront pas
utilisés.


Jamais, il ne me colle des sacs ou des objets à l’extérieur : cela me déséquilibrerait et me ferait
bouger dans tous les sens.


Il est très attentionné et fait en sorte de ne jamais me salir, ni me brûler en nettoyant avec soin son
réchaud pliant à pastilles de combustible sec et son récipient en aluminium.


Au moment du couchage, je me mets au bout de son demi-matelas et je deviens son repose-pieds.
Depuis des années, il ne m’a jamais été infidèle… même si parfois, une petite sacoche de 20 litres
lui fait du gringue, sans parler de l’obèse 70 litres qui lui offre toutes les tentations pour engloutir les
futilités que proposent des youtubeurs « spécialistes » de randonnée.


Je lui garde toujours une petite place pour glisser une boîte de sardine : c’est son repas de secours
en cas de besoin !


Je suis son meilleur compagnon de route lors de ses randonnées, comme lors de la dernière «
D’une mer à l’autre » de Luc-sur-Mer à Sète à pied.