La reconnaissance du sac à dos
Je suis parfois son dossier lors d’une pause ou son oreiller lorsqu’il se repose. Je prends soin de protéger ses affaires, enfilant ma capuche à la moindre goutte.
Nous vivons un corps à corps tous les deux, j’aimes quand il ressert mes brettelles contre lui et moi, alors je m’empresse de lui ceinturer les reins.
Il fait l’effort de maintenir ma forme, en répartissant correctement ses affaires dans mes 40 litres. Il range tout dans des sacs plastiques zippées, bien pliés avec juste ce qu’il faut. Il se contente d’un change ; un caleçon, un tee-shirt et une paire de chaussette, un vêtement chaud et un vêtement de pluie.
Pas d’excès, il ne fait pas comme certains qui emmènent leur maison de peur de manquer. L’autre jour, je croisais un sac à dos de 60 litres qui me faisait part de sa lassitude à porter des effets qui ne seront pas utilisés.
Jamais, ils me collent des sacs ou objets à l’extérieur, cela me déséquilibre et me fait bouger dans tous les sens.
Il garnit l’intérieur en étant vigilant à ce que je n’ai pas de surcharge pondérale. Il vérifie toujours le poids de chaque objet et prend toujours le plus léger, comme par exemple : un carré de serviette en fibre, un savon multi-usage… Les 7 à 8 kilos me suffisent amplement. Avec lui pas de superflu, pas de panneaux solaires qui ne chargent pas, pas de tablette et autres produits high-techs.
Il est très attentionné et fait en sorte de ne jamais me salir, ni me bruler en nettoyant avec soin son réchaud pliant à pastille de combustible sec et son récipient en aluminium.
J’aime quand il me glisse sa poche d’eau dans le dos, cela me fait un peu de fraicheur.
Il est très consciencieux car pour lui chaque objet doit avoir une double utilité, il utilise ses bâtons de marche pour m’éviter de porter les mats de la tente, il prend ses sachets de vêtements pour faire son oreiller la nuit. Un jour ou il faisait froid, il a chauffé de l’eau pour la mettre dans sa gourde et la glisser au fond du sac de couchage.
Il utilise même son chapeau comme vide poche la nuit.
Au moment du couchage, je me mets au bout de son demi-matelas et je deviens son repose pieds lorsqu’il dort.
Depuis des années, il ne m’a jamais été infidèle, même si parfois une petite sacoche de 20 litres lui fait du gringue, sans parler de l’obèse de 70 litres qui lui offre toutes les tentations pour engloutir des futilités que proposent des youtubeurs « Spécialistes » de la randonnée.
Je lui garde toujours une petite place pour glisser une boite de sardine, c’est son repas de secours en cas de besoin.
Je suis son meilleur compagnon de route, pour toutes ses randonnées, comme la dernière « D’une mer à l’autre » de Luc sur Mer à Sète à pied.
