Route vers Mahajanga

12 avril 2022 Non Par Tophe

Le départ

Il est 6h30, je prends la route avec Fabrice, nous allons à Mahajunga. Les rues de Tana sont peu animées par rapport à la semaine. Beaucoup d’hommes, de femmes et d’enfants endimanchés en costume, en robes blanches se rendent à pieds dans les différents offices religieux de la ville. Je fais le plein de la voiture. Les pompistes sont toujours étonnés de servir de l’essence dans un réservoir de 4×4. On n’est pas écologique pour rien!

En route

Sur la route nationale 4 qui se dirige vers le nord ouest, je vais passer les villes de Mahitsy, Ankazobe, Maevatanana, Marovoy et Mahajunga. Plus de 600kms que j’effectuerai en 13h. Au début nous roulons sur les hauts plateaux. A cette saison les collines sont verdoyantes: les dernières tempêtes ont apporté l’eau nécessaire pour cette végétation. J’observe les dégradés de vert entre les arbres avec une couleur plus foncée, les herbes hautes plus claires. Le vent leur donne un mouvement tel de longue vague sur la mer. Au milieu dans des vallées un vert plus vif apparaît : ce sont les rizières. La route est sinueuse sur les haut plateaux, nous traversons hameaux villages et villes, les constructions sont en briques. Les habitations en ville sont toutes peintes. Cela est différent dans la campagne, toutes les maisons sont couleur brique.

Au cours du voyage je remarque l’adaptation des constructions au climat sur les hauts plateaux: des maisons à étage pour garder le bétail la nuit et pour la famille dormir en haut. Plus loin les maisons sont sans étage, nous sommes moins haut; puis suivront des maisons en bois et terre avec un toit en feuilles de palmier, elles sont petites et pas très hautes.

La vie sur la RN4

Il y a peu de circulation ce dimanche, quelques camions, des taxibrousses et peu de voitures. La vie dans les villages traversés est paisible. Les enfants jouent, des groupes discutent. Sur la route des gens marchent, certains pour se rendre dans une église à 3 kms, d’autres se baladent, comme ce jeune avec son téléphone à l’oreille et un panneau solaire dans sa main qui recharge son appareil.

La route devient plus mauvaise après Maevatanana. Pourtant deux amis malgaches m’avaient dit qu’elle était refaite. Je pense soit ils sont naïfs et ont trop écouté le gouvernement faire de la propagande ou soit il y a longtemps qu’ils ont emprunté cette route. Plus les années passent et plus les routes se détériorent. La politique ici est de construire des routes mais de laisser à l’abandon les autres. Pour exemple je passe sur une piste à côté d’un pont en construction : il est en travaux depuis au moins 5 ans et il n’a pas évolué.

En conduisant au milieu de tous ces trous je m’imagine dans un jeu vidéo au volant : je gagne des points à chaque fois que j’évite un trou. Hélas mon compte est négatif car je perds des points dès que la roue tombe dans un trou. Par contre j’ai eu des points de bonus en évitant d’écraser une poule et deux caméléons. Nous voyons de longues saignées de couleur marron clair se dessiner dans le paysage : ce sont les affluents de la Betsiboka un des plus longs fleuves de Madagascar avec 525 kms. Nous nous arrêtons sur le pont du même nom et entendons le grondement de ses eaux boueuses chargées de terre qui dévalent pour rejoindre le canal du Mozambique à Mahajunga.

Madagascar et la conduite

Devant moi un vieux pick-up chargé de bidons avance. Je reste à distance car j’ai remarqué qu’il n’avait pas de feu de stop. Ici les voitures de plus de 10 ans ont un contrôle technique obligatoire chaque année. Celle-ci a du faire comme tout le monde : montrer sa carte grise et payer le coup de tampon. Ici aussi l’Etat rackette. Sur les 13h de route je croiserai deux accidents. Un camion dont le chauffeur a dû s’endormir sur une ligne droite et il s’est renversé dans le fossé. L’autre un camion qui a percuté un taxi brousse. L’accident devait avoir eu lieu il y a une heure ou deux car les gendarmes étaient sur place. Il n’y avait pas de corps recouvert d’un linge donc je suppose qu’il n’y a pas eu de mort.

Nous traversons le parc d’Ankarafanasitra. Les branches des arbres de chaque côté de la route se rejoignent et forment un tunnel de verdure et d’ombre que nous apprécions pour la fraîcheur que cela apporte. Les heures tournent et les kilomètres défilent à la vitesse moyenne de 50 kms/h. 18h 30 le soleil se couche. Nous sommes dans l’espace de lumière entre jour et nuit. Je redoute ce temps-là car je ne vois rien et décide d’attendre la nuit pour rouler avec les phares.

L’arrivée

A la nuit tombée mon copilote Fabrice m’indique les trous que je ne distingue pas. Je redoute toujours de conduire de nuit et si je peux j’évite mais parfois on ne peut pas faire autrement. Je vois les premiers Bajaj (touk-touk): c’est le signe que nous entrons dans les faubourgs de Mahajunga. C’est la fin du voyage! Je traverse la ville et vais vers le bord de mer pour trouver un hôtel et terminer la journée en regardant la mer dans la nuit.