Massif du Makay – Jour 5

27 mai 2024 Non Par Tophe

5ième jour

Ce matin, un chien s’est invité à notre petit déjeuner, il vient probablement du village à 1km du campement.  Il ressemble à tous les chiens malgaches, le poil beige et de taille moyenne, ces oreilles pointues, ressemble à celles du chien « Stitch » dans un dessin animé, d’après Brigitte.

Aujourd’hui, ce sera une journée tranquille environ 15 km évaluée à 3 sur une échelle de 5 en termes de difficultés, donc nous pouvons dire une étape de détente !  

Au bord de la rivière, non loin du campement, deux femmes avec leurs seaux de linges discutent pendant qu’un enfant joue dans l’eau, elles laveront leur linge dans la rivière et l’étendront à même le sol sur le sable ou posé dans les roseaux pour le faire sécher.

Ce matin, nous débutons notre journée les pieds dans l’eau, c’est une habitude. Nous avons enfilé les chaussures de marche 500 mètres plus loin et partons par la piste.

Nous marchons sur du sable humide et ferme d’un affluent de la rivière puis nous entrons dans la forêt de Kalimboro. Nous allons en profiter pour découvrir un peu plus la flore du Makay. Francis nous fait découvrir différentes espèces d’arbres de cette forêt. En observant, je retrouve le goavy et ses fruits ronds et verts ainsi qu’un palmier avec de fruit en forme de noix. Plus loin nous nous arretons au pied d’un gondara be, Francis m’explique qu’enfant avec la sève contenue dans la tige de la feuille, il faisait des bulles des bulles comme les enfants chez nous avec du savons. Ici c’est entièrement naturel… Nous découvrons d’autres espèces comme le mokarano  et le soaravy (feuille bonne), le moknazy qui offre des petites prunes ocres un peu amer, le distaky …

Madagascar a une flore endémique, elle est d’ailleurs très reconnue en pharmacologie et beaucoup de personnes dans le pays se soignent avec les plantes. Un jour, je prendrai le temps de connaitre les différentes façons d’utiliser les plantes selon les besoins. Nous avons continué notre découverte de plante et avons trouvé des feuilles de thé sauvage, j’en ai ramassé pour demander à Jeerika de nous les préparer au thé d’un ce soir.

A la sortie de la forêt, nous débouchons dans une grande savane à perte de vue, nous allons la parcourir pendant 8 km. Contrairement à d’habitude, il y a une piste parmi les hautes herbes, parfois difficile à discerner, en tout cas cela facilite la marche. Nous avons un rythme de marche soutenu, nous nous abritons le temps d’une pause sous les quelques arbres qui procurent un peu d’ombre. J’avoue que marcher sur un chemin me permet de retrouver mon rythme de marche habituel.

En fin de matinée, nous arrivons aux abords du village de Tsivoko, une dernière montée et nous débouchons près de l’hôpital. Le nom d’hôpital est un peu présomptueux, nous pourrions peut-être plus utiliser le terme dispensaire… d’autant qu’il est fermé aujourd’hui.  Certainement qu’il fallait le nommer ainsi pour démontrer que dans cette région reculée il y avait tous les services d’une grande ville !

J’entre dans un village d’une propreté parfaite, rien ne traine au sol, l’environnement des habitations est rangé. Francis m’explique que le chef du village met un point d’honneur à ce que son village soit propre.

Nous longeons quelques maisons, je fais attention de ne pas me cogner au toit de paille qui sont assez bas. Devant nous une clôture en bois et une porte-barrière, nous entrons dans le seul hotely du village.

Un patio est couvert de paille sous lequel trois tables sont installées, à l’intérieur.  Je retrouve Jeerika notre cuisinier, ainsi que les chauffeurs, ils ont établi leur pension ici pendant que marchons dans le massif.

Sur la table un régime de banane nous attend, petite banane jaune bien goûteuse, je les apprécie en cette fin de matinée. Je me risque à demander à Jeerika s’il y a de la bière dans cet hotely, il me répond « il y a et il n’y a plus ! » il m’explique :  d’habitude il y en a, sauf qu’hier, il y a eu un décès dans le village et le stock de bière a été épuisé. Pas de chance, à une journée près. « Pour remplacer la bière, j’ai du toaka gasy (rhum local) » me dit Jeerika. Allons-y pour un petit verre de rhum, cela servira d’apéritif et attendant le repas.

Nous restons plus de deux heures dans ce lieu, en dégustant un repas malgache, canard en sauce et petits poissons de rivière le tout avec du riz.

C’est également l’occasion de refaire le plein de vivre notamment avec l’achat de canards, d’un coq et d’un mouton. Les canards verront leurs congénères disparaitre chaque jour, le coq la première nuit sera un supplice pour Brigitte car il n’a pas arrêté de chanter, quant au mouton qui tout au long de la marche fut récalcitrant pour avancer jusqu’au campement, lui nous fera l’honneur d’un méchoui.

Je rechausse les godasses, j’ai pris l’habitude lors de longue pause de soulager mes pieds. Nous repartons pour 8 ou 10 km, ici les distances sont incertaines, parfois 300 mètres se transforment en deux kilomètres ou une heure de marche peut durer deux ou trois heures. J’ai souvent marché avec des malgaches et lorsque je leur demande ; « c’est encore loin » à chaque fois ils me disent « non, ce n’est pas loin, c’est là-bas, là-bas… » sauf qu’une heure plus tard, c’était toujours « là-bas, là-bas ». C’est peut-être dû au fait qu’ils perdent leurs repères en marchant avec des vaza (étrangers) car nous n’avons pas le même rythme qu’eux ?

Nous traversons de nouveau le village pour rejoindre notre itinéraire, nous marcherons une bonne heure dans la savane. Nous rejoignons un des porteurs qui a beaucoup de mal avec le mouton, celui-ci ne voulant pas avancer.

Nous entrons dans un bois avant de rejoindre la rivière Menapanda, que nous allons suivre durant deux bonnes heures. Sur les bords de cette rivière, nous avons une belle végétation composée d’arbres fruitiers. Les premiers fruits que nous découvrons, sont des goyaves que nous prenons et dégustons. S’ensuivront des citronniers sauvages, nous goutons quelques citrons. Ils sont moins acides que nos citrons. J’en cueille quelques-uns que je mets dans le sac pour me préparer de la citronnade pour les prochains jours.  

Lors d’une pause sur le sable, Josepha un de nos chauffeurs, se met à genoux juste au bord de la rivière et il creuse un trou dans le sable, je le regarde faire, le trou se rempli d’eau par le fond pour atteindre le bord, à ce moment là Josépha vide l’eau du dessus et attend de nouveau que le trou se remplisse d’eau et il commence à la boire. Il a filtré son eau. Il m’en propose, je suis obligé de décliner car même s’il y a une filtration avec le sable, elle n’est pas entièrement débarrassée de toutes les bactéries que nous ne supportons pas. Je ne voudrai pas être malade.

Nous retrouvons notre porteur en charge du mouton. N’arrivant pas à le faire avance, Il a décidé de le porter sur ses épaules pour aller plus vite.

Nous passerons dans la forêt de Menapanda avant de rejoindre le campement. Une descente vers une plage de sable, puis un dernier passage dans la rivière Menapanda et nous sommes arrivés à l’étape du jour. A la différence des autres campements du début de notre trek, nous ne serons pas installés sur une plage de sable, cette fois ci nous sommes en forêt.

Le bivouac est déjà établi, des marmites sont déjà posées sur les feux, dans un coin de la cuisine éphémère, cinq canards et un coq attendent patiemment leur heure. Jeerika, nous propose notre thé quotidien. Instant appréciable de répit en arrivant à l’étape.

La soirée se déroule tranquillement et à 20h je vais dormir…