Massif du Makay -Jour 7 (1ère partie)
7ième jour (1ere partie)
Après ce jour de repos, il faut songer à repartir, nous nous levons de bonne heure aujourd’hui, Francis nous a annoncé une longue étape…et quelle étape !
6h30, nous avalons le petit déjeuner et mettons nos sacs sur le dos, une dernière photo avec cette équipe de porteurs et nous quittons le campement.
De nouveau les pieds dans la rivière Menapanda, pour ceux qui souhaite venir avec moi la prochaine fois, sachez qu’une bonne partie du parcours s’effectue dans l’eau. Ce matin l’eau est fraiche. A cette heure de la journée, je recherche les rayons du soleil pour avoir plus chaud. Nous avançons un certain temps dans la rivière, elle se rétrécie peu à peu, devant nous quelques arbres sont en travers.
De nombreuses toiles d’araignées sont tissées sur notre chemin, nous les écartons sur le côté. Il leur faudra un peu de temps retisser la toile que nous avons détruit. Les araignées sont impressionnantes avec leurs pattes et leurs corps colorées. Je ne suis pas un arachnologue et je ne peux pas vous dire si ce sont des males ou des femelles, de quelles espèces elles sont. Leurs toiles se collent à moi si je ne fais pas attention où je marche.
Sur une branche près d’un nid d‘oiseau, j’aperçois un essaim d’abeille. Les Bara récoltent beaucoup de miel sauvage dans le massif. Au moins celui-ci est naturel, les abeilles sont préservées des pesticides et autres polluant que nous trouvons chez nous et ils peuvent proliférer sans que l’on vienne les détruire.
Sur le sable des traces d’un potamochère, sanglier sauvage de Madagascar, c’est le plus grand mammifère sauvage de l’ile. Certains pensent que c’est un animal endémique de l’ile part contre une étude scientifique estime que son origine est de l’est de l’Afrique du sud et date de -1000 à -5000 ans. Le potamochère est chassé par les Bara, leur technique de chasse est une approche et un coup de lance, les fusils ne sont pas utilisés pour la chasse.
Le chemin se poursuit sur cette voie d’eau, plus nous avançons, plus la roche sur les côtés s’érige en murs. Le versant ouest est frappé par le soleil reflétant une lumière sur la rivière. Des rochers commencent à encombrer la rivière et les berges. Des troncs d’arbres morts se dressent dans l’eau et forment un alignement, vestiges d’arbres submergés par le temps et la rivière. Au sol, je retrouve encore des arbres pétrifiés de différentes longueurs.
Le chemin se rétrécit et la végétation obstrue la rivière, Francis est obligé de manier la machette pour ouvrir un passage.
Nous pénétrons au cœur du canyon, face à nous la rivière forme une grande boucle, la roche s’est façonnée avec l’eau sur une dizaine de mètres de haut, la paroi incurvée ressemble à une arche. A d’autres endroits l’eau a creusé le bas des falaises, toujours cette puissance.
Un amoncellement de rochers commencent à ralentir notre rythme. Je dois me contorsionner de plus en plus pour passer au-dessous ou au-dessus des arbres allongés en travers de la rivière. Puis il faut que j’escalade les blocs ou bien que je me faufile entre les rochers et la paroi de la falaise, je dois même ramper pour passer en dessous afin de poursuivre le chemin. La souplesse me fait défaut…
Le canyon se resserre, des rochers couverts de mousses vertes barrent le passage. Il faut les franchir, mes semelles glissent, mes mains essayent de se rattraper aux falaises, de s’agripper à la roche. Mon équilibre est incertain, à chaque rocher, je lutte pour ne pas tomber, heureusement mes amis malgaches sont de bons compagnons de route pour me rattraper lorsque je suis déséquilibré.
Je savoure la beauté des différents lieux que nous traversons, des jeux de couleurs s’anime sur les parois rendant unique chaque angle de vue. C’est un endroit magnifique.
Après ce passage dans le canyon, nous grimpons à flanc de colline dans la forêt pour rejoindre une autre rivière. Là encore c’est une aventure, il n’y a pas de chemin, il faut tailler les arbres avant de trouver un semblant de lieu de passage. Plusieurs fois, nous ferons demi-tour car le passage n’est pas possible. En progressant, la forêt est moins dense, nous arrivons à la parcourir plus facilement. Nous trouvons un espace pour nous poser dans cette colline et de décidons de faire la halte pour déjeuner.
Comme d’habitude, j’allume mon feu pour faire chauffer mon café. C’est un rituel pour moi et pour l’’équipe car nous effectuons deux tournées de café afin que tous en profitent. Après avoir soigneusement éteint le feu, je ne voudrai pas incendier le Makay, nous reprenons notre route.
Plus d’une heure de marche dans cette forêt avant de déboucher dans la savane et d’atteindre un croisement carrefour de trois rivières différentes.
Notre guide nous emmène en haut d’une falaise d’où nous avons la vue sur le sable de la rivière Beora. C’est à moment-là, qu’il nous propose deux itinéraires : l’un plus facile et moins jolie et l’autre plus difficile et magnifique. Après concertation, nous décidons de tenter le plus difficile. Cela fait plusieurs jours que nous marchons, nous estimons que notre condition physique est bonne, alors tentons notre chance.
Avons-nous raison ou tort, avons-nous estimé suffisamment les difficultés que nous allions rencontrer ?
Nous sommes au bord d’une falaise de plus de 60 mètres de haut, pour aller vers l’itinéraire choisi, nous devons la descendre. La descente ne peut s’effectuer que par l’éboulis en contre bas. Ce n’est pas de la roche, c’est un aggloméra de terre sableuse avec des cailloux, parcourus de tranchées creusées par l’écoulement de l’eau. C’est une terre très dure et friable à certain moment. Nous n’avons pas de cordes, Ratsiry a été coupé une liane de 5 ou 6 mètres de long qui servira de main courante pour se rattraper, je ne suis pas certain qu’elle résisterait à mon poids en cas de besoin. En tout cas, elle rassure, une sorte de placébo.
Pour l’emprunter, il faut s’assoir sur le rebord de la falaise et sauter un peu pour rejoindre cet éboulis de terre puis se mettre à califourchon sur les monticules de terre et avancer doucement sur les fesses, nos pieds sont dans les tranchées creusées par la pluie.
Je m’approche du bord de la falaise, c’est de la terre, elle peut elle aussi s’effriter à tout moment. Ratsiry tient la liane auprès de moi, l’autre bout est tenu par Francis. Derrière moi, je sens que l’on tire sur ma chemise, c’est Fabrice qui me maintient pour m’éviter de tomber au moment où j’essaie d’atteindre l’éboulis.
Je poursuis ma descente en prenant appui sur les mains pour avancer avant de pouvoir me mettre debout. Devant moi Francis, me guide pour m’indiquer où mettre chaque pied. Il a vérifié la solidité de la terre. Je descends la pente ainsi pendant quelques minutes alternant position assise et position debout. J’ai lancé mes bâtons au bas de la falaise et je prends appui qu’avec mes mains. A un moment, un tas de terre se désagrège sous ma main, me déséquilibrant. Je tombe en arrière pour éviter une chute. Enfin, la partie inférieure de cette déclivité est plus facile, toutefois la terre est friable, il ne faut pas se précipiter, les cailloux roulent sous les semelles. Encore 5 mètres et j’arrive sur le sable pour rejoindre Brigitte qui était descendue avant moi. Francis est remonté pour aller chercher les sacs. D’en bas, je vois Ratsiry et Fabrice, les deux jeunes malgaches qui m’accompagnent, descendent comme des cabris.
J’époussète un peu mon pantalon, ma chemise et mon sac à dos, tout est recouvert de sable à la couleur rosée. Après les émotions de cette descente hasardeuse, nous retrouvons le lit sableux de la rivière. Maintenant impossible de faire demi-tour, nous nous engageons vers un long chemin où les péripéties de cette descente sont peu de chose par rapport à ce qui nous attends.